MiG-31 Foxhound

Le MiG-25 Foxbat surprit les forces militaires occidentales. Il les terrifia également, jusqu'à ce que la défection de l'un de ces appareils au Japon révèle les limites du mythe « Foxbat ». Outre les défauts habituels associés à la production soviétique (faible contrôle qualité, standards de finition inférieurs à ceux de l'Ouest...), les analystes de l'OTAN comprirent que le MiG-25 était conçu pour la vitesse, mais que tout avait été sacrifié à la recherche de cette vitesse. Le Foxbat était incapable d'engager un combat manœuvrant et était difficile à contrôler à basse altitude. Pire encore, ses puissants moteurs étaient si fragiles qu'à vitesse maximale, ils se détérioraient encore plus vite. De plus, sa consommation de carburant était telle que l'endurance supersonique du MiG-25 était trop faible. Dès lors, dès 1975, les Soviétiques décidèrent de travailler sur une version améliorée du Foxbat, basée sur la même cellule. Cette nouvelle variante était destinée à remplacer le MiG-25 dans les missions d'interception, ainsi que l'ancien Tupolev Tu-128. En septembre 1975, un démonstrateur, le Ye-155P, effectua son premier vol. Les ingénieurs du bureau d'études Mikoyan augmentèrent la quantité de titane et d'aluminium dans la structure du nouvel appareil, modifièrent le système de propulsion, augmentèrent la quantité de carburant embarquée, et permirent de dépasser Mach 1 à basse altitude. Bientôt, les satellites de reconnaissance occidentaux détectèrent le prototype au Centre d'essais en vol de Ramenskoye près de Moscou, où ils se rendaient fréquemment pour débusquer de nouveaux équipements soviétiques. Après cette découverte, le mystérieux appareil retourna dans l'obscurité : il faudra attendre 1985 pour qu'un pilote norvégien le photographie en vol, et le Salon du Bourget de 1991 pour qu'il soit présenté au public. Pendant ce temps, les Soviétiques menèrent de nombreux tests à l'aide d'une dizaine de prototypes et d'appareils de pré-production avant de lancer la production en 1979. Il fut nommé MiG-31, l'OTAN lui attribuant la désignation « Foxhound ».

Le MiG-31 ressemble étroitement au MiG-25, à l'exception qu'il embarque un second membre d'équipage responsable de l'armement et des systèmes embarqués. Ses ailes et ses entrées d'air ont été agrandies, ce qui facilite les vols à basse altitude mais limite considérablement les capacités de l'appareil en combat tournoyant, une mission pour laquelle il n'était pas destiné. Ses deux moteurs D-30-F6 sont théoriquement capables de le propulser à Mach 3, bien qu'en pratique, Mach 2,8 semble être la véritable vitesse maximale. De grands réservoirs de carburant lui confèrent une longue portée : à Mach 2,35, un MiG-31 a un rayon d'action de près de 720 kilomètres. Les Soviétiques déterminèrent que quatre appareils étaient capables de couvrir une zone de patrouille de 800 kilomètres sur 900 kilomètres, ce qui était et est toujours parfaitement adapté à la protection du vaste espace aérien russe. La portée maximale est de 2 200 kilomètres. À tout cela, les ingénieurs de MiG ajoutèrent un radar. Et pas n'importe quel radar. À partir de la version MiG-31B, le MiG-31 fut équipé du tout premier radar à balayage électronique, le Zaslon-A, développé par Phazotron. Ce Zaslon, capable de suivre dix cibles et d'en engager quatre simultanément, et également capable de regarder vers le bas et vers l'arrière, rend le Foxhound bien plus redoutable que ses prédécesseurs. Chaque MiG-31 reçut également une liaison de données APD-518, qui peut le connecter non seulement aux stations au sol, mais aussi aux avions AWACS soviétiques et à d'autres MiG-31. Avec un tel équipement, il n'est pas surprenant que, malgré un blackout informationnel très strict, les informations limitées qui parvinrent à l'Ouest apparurent comme alarmantes pour les dirigeants militaires et politiques occidentaux. Mais ce n'était pas le pire. Dans la grande tradition soviétique, chaque avion ou presque possède un type de missile particulier. Et les intercepteurs à longue portée ont toujours eu les missiles les plus grands et les plus avancés. En plus d'un canon GSh-6-23 de 23 mm, le MiG-31 peut emporter sa charge utile létale sur quatre points d'emport sous le fuselage et deux points d'emport sous les ailes. Son arme principale est le R-33 (AA-9 Amos), capable d'atteindre jusqu'à 120 kilomètres. Habituellement, quatre missiles sont emportés sous le fuselage. De plus, deux autres missiles à plus courte portée sont emportés : soit des AA-6 Acrid, des AA-8 Aphid, ou des AA-11 Archer. L'AA-12 Adder est également prévu pour être intégré au MiG-31.

En 1991, le MiG-31 était uniquement en service au sein des unités aériennes soviétiques. Suite à l'effondrement de l'URSS, la Russie conserva la majorité des appareils, une quarantaine seulement rejoignant l'armée de l'air kazakhe. Étant coûteux à opérer, le Foxhound a considérablement souffert de la réduction des budgets militaires. De nombreux appareils sont actuellement en stockage, attendant de meilleures conditions, bien que depuis le début des années 2000, des ressources accrues aient été allouées pour les remettre en état de vol. On estime qu'actuellement, un peu moins de 300 MiG-31 sont opérationnels en Russie, avec une centaine supplémentaire placée en réserve. D'autres sources suggèrent qu'il n'y a que 100 à 150 appareils opérationnels. Aucun appareil n'a été exporté, malgré quelques tentatives dans les années 1990 (Inde, Israël, récemment Syrie). En 1992, la Chine a acquis une licence de production pour 700 appareils, mais il semble qu'elle ne l'ait pas utilisée. Le MiG-31 reste utile aujourd'hui, et des variantes plus modernes sont actuellement développées par MiG dans l'espoir de moderniser les appareils restants encore en service. Récemment, le Kazakhstan a attribué à MiG un contrat pour moderniser vingt appareils au standard MiG-31BM. Ce standard, initialement envisagé au début des années 2000 mais abandonné faute de financement, semble faire son retour. À l'heure actuelle, il semble y avoir environ six appareils au sein de l'armée de l'air russe. Au total, un peu plus de 500 appareils auront été produits.

Variantes principales :

• MiG-31 Foxhound-A : la version de production initiale, environ 325 produits, tous mis à niveau au standard MiG-31BS.
• MiG-31B : une version considérablement améliorée avec le radar Zaslon-A, les missiles R-33 et la capacité de ravitaillement en vol ; le standard MiG-31BS correspond aux appareils de première génération mis à niveau à ce standard.
• MiG-31D : conçu pour la guerre antisatellite, deux prototypes construits.
• MiG-31E : version d'exportation aux capacités réduites ; aucune vente.
• MiG-31M Foxhound-B : apparu en 1991 mais en développement depuis le milieu des années 1980. Nouveau radar Zaslon-M (capable d'engager six cibles à la fois), avionique améliorée, missiles R-37 et R-77. Sept à quatorze exemplaires produits avant 1995.
• MiG-31BM : refonte proposée par MAPO-MiG, radar Zaslon-AM modifié (avec fonction de cartographie et mode de suivi de terrain pour les engagements air-sol, capable de suivre 24 cibles et d'en engager 10 simultanément), nouveau poste de pilotage, et système de navigation GLONASS, missiles améliorés (K-37M, K-73M, K-77-1, R-33S...). Standard accepté par l'armée de l'air russe mais retardé faute de financement.

Charge de missiles :

• Air-to-Air Medium-Range Bisnovat R-40 (AA-6 Acrid)
• Air-to-Air Long-Range Vympel R-33 (AA-9 Amos)
• Air-to-Air Long-Range Vympel R-37 (AA-13 Arrow)
• Air-to-Air Short-Range Vympel R-60 / K-60 (AA-8 Aphid)
• Air-to-Air Short-Range Vympel R-73 (AA-11 Archer)
• Air-to-Air Medium-Range Vympel R-77 RVV-AE (AA-12 Adder)
• Hypersonic Air-to-Surface Kh-47M2 Kinzhal (AS-24 Killjoy)