Classe Poti

La classe Poti, connue sous le nom de Projet 204 au sein de la Marine soviétique, représentait une série de corvettes de lutte anti-sous-marine (ASM) construites pendant la Guerre froide. Elles étaient remarquables pour avoir été les premiers grands navires de guerre soviétiques à utiliser des turbines à gaz. Le nom de code OTAN pour ce groupe était « classe Poti », et ces navires furent conçus pour rompre avec les conceptions traditionnelles de lutte ASM de la Seconde Guerre mondiale, comme en témoigne leur taille plus importante par rapport à leurs prédécesseurs, tels que les classes Kronshtadt et SO1. Cette augmentation de taille permit à la classe Poti d'être équipée d'un armement plus conséquent.

Avec une approche de conception novatrice, ces corvettes étaient dotées d'un système de propulsion combinant des moteurs diesel et des turbines à gaz, offrant un équilibre entre puissance et efficacité. Plus précisément, elles disposaient de deux turbines à gaz M-2 et d'une paire de moteurs diesel M503A, aboutissant à une puissance développée robuste qui les propulsait à des vitesses allant jusqu'à 38 nœuds. Leurs turbines à gaz évacuaient leurs gaz par des orifices de tableau arrière et fournissaient une poussée supplémentaire en alimentant des compresseurs d'air qui évacuaient leurs gaz dans des tubes de poussée. Elles avaient un rayon d'action de 4 500 milles nautiques à une vitesse constante de 10 nœuds, diminuant fortement à 520 milles nautiques à leur vitesse maximale.

En matière d'armement, la classe Poti était dotée d'une tourelle de canon double de 57 mm pour l'autodéfense et était équipée de tubes lance-torpilles doubles ou quadruples de 406 mm pour les torpilles ASM de Type 40. Elles embarquaient également des lance-roquettes ASM RBU-2500 ou RBU-6000 pour des capacités anti-sous-marines améliorées. Leur suite électronique comprenait les radars Don 2, Strut Curve et Muff Cobb, ainsi que les sonars Herkules et Hormone pour la recherche de surface et aérienne, ainsi que la conduite de tir, le tout renforcé par des systèmes de contre-mesures électroniques.

Au cours de leur histoire opérationnelle, l'Union soviétique a construit un total de 66 corvettes de classe Poti entre 1960 et 1968 dans trois chantiers navals : Kerch, Zelenodolsk et Khabarovsk. Elles ont depuis été désarmées, les dernières corvettes de classe Poti quittant la flotte à la fin des années 1980, remplacées par les corvettes de classe Pauk.

Ces corvettes ont été exportées vers deux pays utilisateurs. La Bulgarie a reçu six navires pour remplacer ses corvettes ASM existantes, et tous avaient été mis au rebut d'ici 2008. La Roumanie, sous l'influence de la sphère soviétique après la Seconde Guerre mondiale, a reçu trois navires de classe Poti en 1970, malgré une divergence croissante avec l'Union soviétique qui avait commencé au début des années 1960. Ces navires conservaient les anciens lance-roquettes RBU-2500 et étaient équipés de tubes lance-torpilles doubles de 533 mm. Le destin final de toutes les corvettes de classe Poti fut le même, aucune n'étant plus en service après 2008.