🇫🇷 Arsenal nucléaire de France
Évolution de l'arsenal nucléaire de France
Aperçu en 2025
En 2025, l'arsenal de France totalise 290 ogives nucléaires, dont 280 déployées. 201 essais ont été effectués entre 1964 et 1996.
La « force de dissuasion » française reste légère mais crédible, maintenue au niveau de la « stricte suffisance », une doctrine qui maintient un sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) en patrouille silencieuse en permanence, tandis qu'une composante aérienne à deux volets offre une option de frappe « pré-stratégique » calibrée. Face à un environnement de sécurité plus dégradé et aux doutes concernant les garanties américaines, Paris investit massivement – 413 milliards d'euros dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire 2024-2030 – pour renouveler l'ensemble de ses vecteurs nucléaires et se positionner pour étendre la dissuasion aux partenaires européens si la politique l'exige.
La France dispose d'environ 290 têtes nucléaires opérationnelles, un chiffre inchangé depuis 2020, allouées à 48 missiles balistiques lancés par sous-marin (MSBS) et à environ 50 missiles de croisière aéroportés ; aucune n'est stockée pour une composante terrestre, qui a été supprimée dans les années 1990.
Le niveau de préparation reste élevé : quatre SNLE de classe Triomphant alternent les cycles de patrouille, d'entretien et d'entraînement pour garantir la permanence à la mer de la dissuasion (PASD). La durée moyenne d'une patrouille est d'environ 70 jours, et la Marine nationale a dépassé les 500 patrouilles de dissuasion en 2018.
La modernisation est en cours à tous les niveaux :
- Le MSBS M51.3, testé en vol en novembre 2023, augmente la portée et la précision ; les travaux sur le successeur M51.4 et une tête nucléaire océanique (TNO) à durée de vie prolongée ont commencé.
- Les missiles ASMP-A aéroportés reçoivent une rénovation à mi-vie ASMP-A-R avant d'être remplacés par le missile de croisière hypersonique ASN4G à partir de 2035, associé à une nouvelle tête nucléaire TNA-4G.
- Le programme SNLE 3G de 50 milliards d'euros livrera quatre SNLE de troisième génération à partir du début des années 2030, conçus pour des signatures acoustiques réduites et une durée de vie prévue au-delà de 2080.
Structure des forces et vecteurs majeurs
Composante océanique
- 4 × SNLE de classe Triomphant (Le Triomphant, Téméraire, Vigilant, Terrible) chacun emporte 16 MSBS M51.2/3 (4 à 6 têtes MIRV, 100 à 150 kt TNO).
Composante aéroportée
- Armée de l'Air et de l'Espace : deux escadrons de chasseurs Rafale B/F4 équipés d'ASMP-A-R ; deux escadrons de Rafale F5 et l'ASN4G prévus pour 2035.
- Marine nationale : 12 Rafale M embarqués partagent le même ensemble de missiles, conférant au Charles-de-Gaulle (et à son successeur de 2038, le PA-NG) un rôle de frappe nucléaire.
Composante terrestre
- Aucune depuis le retrait des IRBM du Plateau d'Albion et des SRBM Hadès ; la France s'appuie uniquement sur la dyade mer-air.
Perspectives
- Dominance sous-marine : La fabrication de la coque des SNLE 3G débute cette décennie ; la capacité opérationnelle initiale (COI) est attendue en 2032-2033, assurant une PASD ininterrompue tout au long du siècle.
- Transition hypersonique : L'ASN4G doublera la portée de sécurité (>1 000 km) et réduira les délais d'alerte, rendant plus complexes les défenses adverses. Les essais en vol hypersoniques débutent vers 2028.
- Poids budgétaire : La recapitalisation nucléaire absorbe environ 5,6 milliards d'euros par an et pèse sur les acquisitions conventionnelles ; des retards pourraient s'enchaîner si les objectifs de croissance (3 à 3,5 % du PIB) ne sont pas atteints.
- Message stratégique : Le président Macron a ouvert la porte à un « dialogue stratégique » sur l'extension du parapluie français aux partenaires de l'UE, signalant la disponibilité mais soulignant également la taille finie de l'arsenal. Toute garantie formelle nécessiterait de nouvelles têtes nucléaires ou une intégration plus poussée et est donc peu probable avant la fin des années 2030.
- Vents contraires du contrôle des armements : Sans pourparlers multilatéraux à l'horizon et la Russie, la Chine et les États-Unis développant tous leurs forces, Paris voit peu d'intérêt à réduire davantage ; au lieu de cela, elle visera à maintenir les effectifs stables tout en améliorant la capacité de survie et de pénétration.