🇮🇳 Arsenal nucléaire d' Inde
Évolution de l'arsenal nucléaire d' Inde
Aperçu en 2025
En 2025, l'arsenal d' Inde totalise 180 ogives nucléaires. 2 essais ont été effectués entre 1998 et 1998.
La posture nucléaire de l'Inde reste ancrée dans une doctrine déclarée de « non-recours en premier » et de « dissuasion minimale crédible », pourtant ses forces sont préparées à des représailles plus rapides et plus flexibles, et à une portée élargie axée sur la Chine. De nouveaux missiles en conteneur, une flotte croissante de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et le premier essai réussi de véhicule de rentrée à têtes multiples indépendamment ciblables (MIRV) en 2024 marquent un virage décisif, passant d'une modeste dissuasion en retrait à un arsenal interarmées technologiquement sophistiqué qui compte désormais environ 170 ogives et continue d'augmenter.
L'Inde est estimée avoir assemblé environ 180 ogives nucléaires, avec suffisamment de matière fissile pour jusqu'à 210, la plaçant juste derrière Israël et devant la Corée du Nord en termes de taille globale. Le stock a augmenté lentement mais régulièrement, d'environ 10 ogives au cours des trois dernières années, malgré la posture déclaratoire publiquement modeste du pays.
En temps de paix, la plupart des ogives restent physiquement séparées des vecteurs, mais la prolifération des missiles à propergol solide et en conteneur (Agni-P, Agni-V et le futur Agni-VI) érode l'ancien modèle de « désaccouplement » et permet des niveaux de préparation beaucoup plus élevés. Les analystes estiment qu'au moins un sous-ensemble de batteries Agni mobiles sur route patrouillent désormais avec des ogives pré-accouplées, reflétant la préparation que l'Inde atteint déjà en mer.
La modernisation est généralisée : un premier vol MIRV à trois ogives sur un Agni-V en mars 2024, l'entrée en service du deuxième SNLE INS Arighat en août 2024, la poursuite des essais du SLBM K-4 d'une portée de 3 500 km, et le développement du K-5 de nouvelle génération d'une portée de 6 000 à 8 000 km. Parallèlement, les escadrons de frappe de l'armée de l'air indienne, opérant des Mirage 2000H/I, des Jaguar IS/IB et – très probablement à court terme – des Rafale F3-R, restent chargés de l'emport de bombes à chute libre jusqu'à ce qu'une option de missile de croisière conforme (BrahMos-A) soit déployée sur les Su-30MKI.
Structure des forces et vecteurs majeurs
Missiles balistiques terrestres
- Courte/moyenne portée : Prithvi-II (350 km), Agni-I (~700 km), Agni-P (1 000–2 000 km, en conteneur, testé par l'utilisateur en 2023)
- Portée intermédiaire : Agni-II (2 000 km), Agni-III (3 000+ km), Agni-IV (3 500+ km)
- Longue portée / ICBM : Agni-V (5 000+ km, désormais capable de MIRV) ; Agni-VI (classe 12 000 km, travaux de conception en cours)
Forces nucléaires basées en mer
- SNLE en service : INS Arihant (S2) opérationnel depuis 2016 ; INS Arighat (S3) mis en service en 2024 et effectuant désormais des patrouilles de dissuasion
- SNLE en construction : S4 et S4* (variante étendue de l'Arihant) en cours d'armement ; classe S5 (13 000 t, 12–16 tubes de missiles) dont la production devrait débuter avant 2027
- SLBM : K-15 (Sagarika, 750 km, déployé) ; K-4 (3 500 km, essais utilisateurs 2024) ; K-5 (6 000–8 000 km, composants présentés en 2025)
Capacité aéroportée
- Aéronefs dédiés actuels : Escadrons de Mirage 2000H/I et de Jaguar IS/IB configurés pour les bombes à chute libre ; chacun peut emporter 1 à 2 armes à fission dopée
- Voie de modernisation : Su-30MKI avec BrahMos-A (variante de missile de croisière à capacité nucléaire) entrant en service ; le Rafale F3-R devrait reprendre le rôle du Mirage après 2030, conservant une option de chute libre pénétrante
Perspectives
L'arsenal indien devrait atteindre environ 200 ogives d'ici le début des années 2030 à mesure que de nouveaux SNLE, des missiles Agni-V/VI MIRVés et des SLBM à plus longue portée entreront en service. Le centre de gravité stratégique se déplacera vers le large : une force de quatre sous-marins de classe Arihant/S pourrait maintenir une dissuasion continue en mer d'ici 2028, tandis que la classe S5, plus lourde, placera l'ensemble du continent chinois à portée du K-5 depuis des bastions de zone arrière. Sur terre, la transition vers les Agni-P en conteneur à réaction rapide et les Agni-V/VI capables de MIRV réduira les délais de lancement et compliquera la frappe préventive de l'adversaire.
Politiquement, New Delhi réitère toujours le « Non-recours en premier », mais les déclarations officielles mettent de plus en plus l'accent sur les « représailles massives » et certains hauts dirigeants ont fait allusion à une posture conditionnelle, en particulier dans le contexte d'une crise à escalade rapide avec le Pakistan ou de débats sur la contre-force vis-à-vis de la Chine. Le résultat net est une dissuasion qui reste numériquement modeste mais qui devient plus furtive, plus rapide et plus diversifiée — capable d'imposer des coûts insupportables à ses deux voisins dotés de l'arme nucléaire tout en préservant le vernis de retenue qui sous-tend la diplomatie indienne de non-prolifération mondiale.